QUESTIONS EXISTENTIELLES

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Tristesse sans cause

589 Claire lumière

589 Claire lumière

Depuis une semaine, je suis souvent dans un état morose. Est-ce une simple tristesse sans cause ; un dépit de trouver bien peu de satisfaction dans les rares activités ou contacts mondains de ma tranquille existence ; une forme d’ennui ; ou une frustration en face de la déception causée par les quelques attentes que j’entretiens encore ? Probablement un peu des quatre.

Pourquoi ressentir une tristesse sans cause plutôt qu’une joie sans cause ? Est-ce une manière – positive ou négative – de regarder les choses ? Éric Baret* dit qu’une grande joie se manifeste lorsqu’on voit le voisin tomber du toit, parce que c’est un événement qui nous sort de nos schémas ordinaires ou habituels. Pas d’événements extraordinaires ou inhabituels dans ma vie. Pourtant, une partie de moi les attend toujours : le rêveur optimiste, l’amoureux du merveilleux. Mais une autre partie se prétend tout à fait sans attentes ; même si cette partie est peut-être plus réaliste, elle est négative et résignée : c’est plutôt triste. Il y a de l’ennui dans l’attente : l’attente du changement. Je me dis qu’il se produira peut-être après mon anniversaire. 

Pourtant, en corrigeant le Journal des années 1980, je vois bien qu’il y a eu peu de changements depuis ; malgré le passage d’une trentaine d’anniversaires. Quelques changements superficiels bien sûr : changements dans les lieux de vie, les relations amoureuses, les voies spirituelles ou les sujets de mes peintures. Mais plus je regarde en profondeur, moins j’ai l’impression que les choses chan­gent. Il y a trente ans, mes observations du monde, de la vie, de ma vie, de la nature de la réalité, n’étaient pas très différentes de ce qu’elles sont aujourd’hui. Faut-il s’en attrister ? Y a-t-il vraiment quelque chose de plus, de nouveau, à découvrir ? Sans doute pas. Les choses (le monde, la vie, ma vie, la réalité) sont ce qu’elles sont – et comme le temps est une illusion créée par la mémoire – ce qu’elles ont toujours été et ce qu’elle seront toujours, il n’y a pas beaucoup d’attentes à avoir de ce côté-là. Quand on perçoit l’espace, l’arrière-plan, dans lequel le monde phénoménal se manifeste – et qu’on saisit sa dimension immuable et intemporelle –, tout ce qui est changeant et transitoire perd de son impact ; même si c’est un jeu varié et séduisant qui distrait les sens et le mental, et essaie de les détourner de l’indicible tranquillité.

Est-ce que les relations mondaines permettent de se rapprocher de l’essentiel ? Ou plutôt d’y échapper en se réjouissant du côté sympathique de rencontres et d’échanges superficiels ? Après, qu’en reste-t-il ? La plus enrichissante, récemment, fut peut-être celle avec Delphine, à qui j’ai expliqué le Yi Jing*. J’ai l’impression de transmettre, de donner, quelque chose : cela me procure une grande satisfaction ; comme quand je donne des cours de Reiki ou des séances de Human Design*.

Sympathique déjeuner avec Alain et Isabelle. Beaucoup parlé peinture avec Alain ; mais peut-on vraiment parler peinture ? Et ses plaintes répétitives sur les expositions sont bien inutiles. Parlé de Reiki et de spiritualité avec Isabelle ; mais peut-on vraiment parler de spiritualité ? Des conver­sations où chacun exprime ses expériences, ses idées, ses croyances ; mais sans les remettre en question, et sans vraiment pénétrer ou adopter celles de l’autre. On reste dans la conversation de salon, ou de bistrot, même si on parle de refaire le monde ; ces belles paroles s’envolent et le monde reste ce qu’il est.


Baret (Éric) (né en 1953) : disciple de Jean Klein, Éric Baret enseigne le shivaïsme tantrique du Cachemire. Il est devenu mon principal maître spirituel depuis notre rencontre en 2002.

Yi Jing (chinois) : littér. le classique des changements. Il s’agit du Livre des mutations, un des classiques de la culture chinoise qui décrit 64 situations types représentées par des hexagrammes. Le Yi Jing est un livre de sagesse que les Chinois utilisent depuis plus de trois mille ans comme oracle. Les noms des hexagrammes ainsi les textes du jugement et des lignes mentionnés sont empruntés à la traduction littérale de Cyrille Javary (Yi Jing, le livre des changements, de Cyrille Javary et Pierre Faure).

Human Design : le Human Design est un système complexe de connaissance de soi qui fait appel d’une part aux dernières découvertes de la génétique et de la physique quantique et d’autre part aux anciens enseignements de l’astrologie, du Yi Jing*, du système indien des chakras et de l’arbre de vie de la kabbale. Pour plus de détails : https://human-design-en-francais.simdif.com.

 

30 juin 2013, Cabrières d’Aigues

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