Tristesse ou morosité
Avant-hier, j’étais un peu morose, et hier c’était encore pire. Je ne sais pas si c’est de la morosité, ou plutôt une sorte d’angoisse, comme j’avais déjà à la fin de l’été en France, surtout quand je me réveillais la nuit. Ce fut de nouveau très fort dimanche matin. Je m’inquiète pour l’avenir, pour l’état préoccupant du monde, cette folie ambiante, et ce que je vais devenir dans tout ça… Plus tard, je me demandais si ce n’était pas la tristesse dont parle Éric Baret. Elle serait, selon lui, l’émotion suprême, et un signe de maturité : cela me rassure un peu ! C’est le sentiment que rien, dans le monde, ne peut plus m’apporter de réelle satisfaction. Une espèce de solitude où je me sens incompris, dans un monde qui m’est de plus en plus étrange et étranger, où j’ai de plus en plus de difficulté à socialiser. À Chiang Mai, avec qui pourrais-je partager mes états d’âme ?
Le travail, l’écriture, semble être mon seul plaisir, ma seule joie… Avec la lecture, qui m’entraîne dans un autre monde. J’ai fini trois livres de Satprem : fascinants ! Cet état de morosité, d’anxiété, de tristesse était très tenace hier matin : j’ai fait du mail, mes bagages, et après un déjeuner léger, une longue sieste : j’ai dormi une heure et demie, profondément ; et c’était passé : je me sentais de nouveau bien ! Étrange ! Cela me fait penser à Mère, qui raconte comment elle passe du nouvel état à l’ancien si subitement, et sans raison apparente. Je ressens la même chose. Qu’est-ce qui me met dans cet état dépressif ? Le texte d’un mail un peu pessimiste, des petites contrariétés qui s’accumulent ? Je me demandais hier soir, en lisant un article de Van Lysebeth sur le prana, la force vitale, si ce n’était pas aussi une question d’énergie, de manque d’énergie, de fatigue. Je suis fatigué en ce moment, même si mon médecin chinois trouve que je vais mieux, que ma langue est plus belle !
16 décembre 2002, Chiang Mai