QUESTIONS EXISTENTIELLES

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Illusion ou réalité

601 Unité dans la dualité

601 Unité dans la dualité

Dans les milieux spirituels, les opinions divergent sur des points essentiels : Est-ce que le monde est une illusion ou une réalité ? Y a-t-il un Soi ou non ? Dieu existe-t-il ou non ? Comme quoi l’homme pensant est toujours dans la dualité, qu’il soit éveillé ou non, et surtout lorsqu’il prône la non-dualité et dénigre la dualité.

Dans l’Irrévérence de l’éveil (p169), Stephen Jourdain dit : « Soit c’est l’être personnel qui est illusoire, auquel cas parler d’un moi ultime est tout à fait impropre, le mot moi ne saurait être utilisé à propos de quelque chose d’impersonnel (…) ; ou bien c’est moi qui suis l’ultime réalité et qui me prends pour quelque chose que je ne suis pas. C’est la deuxième hypothèse que je considère comme bonne. »

Dans ces querelles de clochers, c’est la voie bouddhique qui me semble la plus sage : la voie du milieu – la vérité n’est pas un des deux extrêmes, elle est en même temps une illusion et une réalité, ou ni une illusion ni une réalité. Sur le plan absolu, elle est une illusion, et sur le plan relatif, elle est une réalité ; mais ces deux plans ne sont pas différents : le samsara* n’est pas différent du nirvana. C’est l’esprit dualiste de l’homme qui perçoit des dualités, des extrêmes, des opposés, alors que la réalité est unitaire. Toutes les opinions sont justes, et en même temps elles sont fausses, tant qu’on regarde les choses sous une certaine perspective ou une autre, c’est-à-dire avec une vue dualiste. Mais la notion même de regard est dualiste, puisqu’il y a une chose qui en regarde une autre.

Comme dit la première stance du Spandakarika de Vasugupta : « La Shakti ouvre les yeux et l’univers se résorbe en pure conscience ; elle les ferme et l’univers se manifeste en elle. » (Traduction de Daniel Odier dans L’incendie du cœur.)

Ce que je comprends, c’est que quand nous regardons et voyons le monde, en fait nous fermons les yeux, nous sommes aveugles (ou ignorants) ; alors que la vraie vision, c’est quand nous ouvrons les yeux et percevons la pure conscience, au-delà des extrêmes et des dualités – la voie du milieu du Bouddha !


Samsara (pali) : littér. transmigration perpétuelle. Désigne le cycle des renaissances – le monde conditionné dans lequel nous vivons – qui, tant que nous n’en avons pas perçu la nature illusoire et le considérons comme la seule réalité, est comparé par le Bouddha à un océan de souffrance.

 

29 juin 2016, Cabrières d’Aigues

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