QUESTIONS EXISTENTIELLES

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L’hexagramme 29

548 Samadhi
548 Samadhi

J’ai tiré le Yi Jing* pour savoir s’il était favorable de finir d’écrire Le jardin de la libération (Journal 1988) avant de continuer Le jeu de la vie* : le 29, « S’entraîner au passage des ravins », avec la ligne 5. La ligne 5 est de loin la meilleure du 29, mais le 29 est quand même difficile, même s’il comprend la merveilleuse phrase « agir amène à se surpasser ». Ce sont les lignes qui sont diffi­ciles, le jugement est plutôt favorable : « S’entraîner au passage des ravins, il y a onde porteuse, unifier le cœur, favorisant, agir amène à se surpasser ». C’est la situation du 29 qui est difficile et dangereuse : franchir des ravins. Je ne vois pas mon travail créatif comme cela ; mais il l’est peut-être. Curieusement, j’avais déjà tiré le 29, en novembre, en demandant si je devais peindre des grands tableaux. Mais j’avais tiré la ligne 6, qui est vraiment décourageante. J’avais d’ailleurs cessé de peindre, abandonnant à leur triste sort les grands fonds que j’avais préparés.

Je crois qu’il faut que je revoie ma compréhension du 29. Il s’agit de s’entraîner au passage des ravins, par un travail répétitif. C’est bien ce dont il s’agit dans le travail créatif. Un travail de chaque jour pour s’entraîner à franchir les obstacles et parvenir à un nouvel état de conscience, qui se manifeste dans l’achèvement d’une œuvre artistique. Donc, ce travail créatif, pour lequel il faut unifier le cœur, agir, se surpasser, ressemble bien à l’idée du 29. Et il ne faut justement pas se laisser décourager ou arrêter par les obstacles, les ravins et la peur de les franchir. Devant l’appré­hension qui se manifeste devant la toile ou la feuille blanche, il faut trouver ce courant porteur qui permet de se centrer, de ne pas se laisser gagner par l’inertie, mais d’agir et d’aller de l’avant, et découvrir les ressources insoupçonnées qui sont enfouies au fond de soi. Le nucléaire du 29 est le 27, « Nourrir », c’est-à-dire combler la sensation de manque et rétablir l’échange avec l’extérieur. 

Le 29, c’est aussi dépasser les situations de peur, d’angoisse, de tristesse, de morosité, de man­que de confiance, par la pratique, l’exercice, la répétition, des efforts suivis. La souplesse et la téna­cité du yin s’articulent autour des deux traits yang aux places centrales qui incitent à maintenir une certaine fermeté dans le contrôle de la situation. Les ravins sont toujours intérieurs : il n’y a pas de dangers extérieurs dans les textes des lignes, mais pas non plus d’ouverture. C’est un défi person­nel, qui demande des efforts constants et redoublés, et qui est probablement sans fin… Est-ce cela la vie d’artiste ?

Cela me fait aussi penser au golf !

C’est vrai que dans le Human Design* aussi j’ai le 29 (avec la ligne 6), défini par Vénus, la créati­vité. Et les énergies du 39 et du 38 : franchir les obstacles, lutter. Et le 51 : innover, oser, sortir des sentiers battus… Pourquoi donc m’étonner que ma voie soit ce qu’elle est !

Bien sûr, la ligne 6 (qui concerne mes grands tableaux) n’est pas encourageante du tout : « Entra­vé à l’aide de grosses cordes, entouré de buissons épineux, trois ans sans rien obtenir, fermeture ». Est-ce ma propre rigidité qui me met dans cette situation ? La seule chose positive est le dérivé, le 59, « Dénouer ». Dans cette ligne, selon Jean-Philippe Schlumberger, c’est la peur qui bloque, qui obscurcit le jugement et qui nous pousse à défendre notre forteresse pour elle-même, en dehors de toute menace véritable ou imaginaire.

Pour le Journal 1988, la ligne 5, « Les ravins ne sont pas remplis, seulement aplanis, absence de faute », signifie que les ravins ont déjà été aplanis par le travail de correction effectué il y a deux ans.


* Yi Jing (chinois) : littér. le classique des changements. Il s’agit du Livre des mutations, un des classiques de la culture chinoise qui décrit 64 situations types représentées par des hexagrammes. Le Yi Jing est un livre de sagesse que les Chinois utilisent depuis plus de trois mille ans comme oracle. Les noms des hexagrammes ainsi les textes du jugement et des lignes mentionnés sont empruntés à la traduction littérale de Cyrille Javary (Yi Jing, le livre des changements, de Cyrille Javary et Pierre Faure).

Le jeu de la vie, roman que j’ai commencé à écrire en décembre 2006, et terminé en mars 2013. Son titre définitif sera Marlène ou le jeu de la vie.

* Human Design : le Human Design est un système complexe de connaissance de soi qui fait appel d’une part aux dernières découvertes de la génétique et de la physique quantique et d’autre part aux anciens enseignements de l’astrologie, du Yi Jing, du système indien des chakras et de l’arbre de vie de la kabbale. Pour plus de détails : https://human-design-en-francais.simdif.com.

 

28 décembre 2009, Chiang Mai

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